Terroirs

Les secrets d’un terroir ou les racines d’un vignoble

Dans la recherche de qualité, les vignerons du Jura ont eu très tôt conscience d’une relation entre la qualité d’un vin et les particularités d’un lieu. Au-delà des composantes quantifiables et analysables du terroir (géologie, pédologie, climat), la place de l’humain au cœur du terroir leur apparaît dans toute son évidence, ce qui explique leur action prémonitoire en faveur des AOC.

Une géologie et des sols originaux

Dans le Jura, les différentes couches de roches que nous observons en coupe se sont déposées et consolidées depuis plusieurs millions d’années. Le Revermont se situe au pied du premier plateau jurassien, à l’Est de la plaine de la Bresse.

Ce premier plateau est parfois « creusé » par des reculées spectaculaires qui sont transversales aux grandes lignes du relief. Ces vallées sans issue sont souvent des lieux de résurgence des eaux souterraines qui se sont infiltrées dans les failles et les fissures du premier plateau. Le vignoble se localise sur des pentes assez accidentées dont l’altitude varie généralement de 200 à 400 mètres.

Les terrains qui composent le Jura appartiennent pour la plupart à l’ère secondaire ou jurassique (150 millions d’années) et occupent les deux tiers du département. Les couches de roches ont été fortement plissées vers le milieu du tertiaire suite à la surrection alpine.

Ce soulèvement a donné lieu à des plis en creux et en relief, appelés ici val et voûte, mais aussi à de nombreuses failles. Sous l’effet des pressions latérales, la couverture sédimentaire a glissé vers l’ouest pour venir chevaucher le fossé bressan et en même temps les mouvements verticaux ont favorisé les plissements et les failles. Ensuite, l’érosion acheva le travail, particulièrement pendant les glaciations, en creusant les vallées et en laissant affleurer les calcaires des collines et du premier plateau.

En conséquence, le calcaire prédomine largement et sa formation est constante à toutes les ères géologiques : primaire, secondaire et tertiaire. Cette roche, perméable et soluble, est très favorable à la vigne et en particulier aux cépages jurassiens.

Par ailleurs, les coteaux adossés au plateau calcaire ont des sols assez complexes où se mêlent différentes marnes (bleues, grises, rouges, noires du lias moyen et supérieur), des argiles du trias et des éboulis calcaires. Ces marnes, associées à des éboulis de falaises du bajocien et des argiles du lias, constituent les meilleures terres à vigne du Jura.

Du soleil et de la pente

Le vignoble jurassien appartient aux vignobles septentrionaux de France avec la Champagne, l’Alsace et la Bourgogne. Son climat est de type semi-continental et ses variations climatiques peuvent être brutales. La température moyenne annuelle est comprise entre 11° et 13° pour une durée d’ensoleillement variant de 1 700 à 1 900 heures. Les étés jurassiens sont généralement chauds et secs. Dans le Jura, l’exposition sud ou sud-ouest garantit au vignoble un ensoleillement important et une protection aux vents du sud-est et du nord, « la bise noire ».

Les printemps souvent très pluvieux participent à des moyennes de l’ordre de 1 150 mm de précipitations par an sur le Revermont. Bien que de petite surface, le vignoble possède des microclimats assez contrastés en raison de la morphologie du relief, selon son exposition au soleil, son altitude et sa pente. Ainsi, le choix des cépages se fait aussi en fonction de leur caractère, précoces comme le Poulsard et le Pinot ou plus tardifs comme le Savagnin et le Trousseau.


• Livre sur les terroirs viticoles du Jura (Michel Campy)